Au coeur de l'imbroglio syrien
L'Islam provoque la peur dans les esprits non seulement à cause du courant politique qu'il a engendré ces dernières années avec l'émergence et l'expansion des « islamistes », mais également en raison du modèle culturel et social qu'il projette à travers la Charia. Les médias attisent cette peur en faisant des amalgames, des raccourcis et en semant la confusion à ce sujet.
Il convient donc, de prime abord, de distinguer la religion musulmane de l'« islamisme », à l'instar du judaïsme et du « sionisme ».
On entend par « islamisme » les différents courants politiques qui exploitent certains préceptes de l'Islam, les interprètent subjectivement, afin de développer une idéologie politique fondée sur un facteur religieux, pour attirer la masse par les sentiments. C'est la raison pour laquelle il n'existe pas un seul mais une pléthore de mouvements islamistes. Certains d'entre eux sont violents et constituent une menace pour ceux qui ne partagent pas leur idéologie, qu'ils soient musulmans ou non-musulmans.
La manipulation politique des islamistes conduit ces derniers à des positions et des agissements parfois très contradictoires avec l'Islam, provoquant la réaction des dignitaires classiques des différentes communautés musulmanes qui condamnent ces courants politiques et rappellent leurs croyants à la Charia.
Étymologiquement, la Charia est l'ensemble des règles d'inspiration religieuse qui régissent la vie et les rapports sociaux. Les juridictions qui veillent à l'application de ces règles sont appelées en arabe : Mahakem Chariya. Ainsi donc, la Charia n'est pas propre à l'Islam. C'est la raison pour laquelle il convient de préciser la Charia musulmane (Al Charia al islamyia) pour la distinguer des autres règles d'inspiration religieuse pour éviter tout amalgame. Dans les pays arabes qui adoptent les règles religieuses, notamment pour le statut des personnes, les chrétiens disposent de leur réglementation et de leurs tribunaux ecclésiastiques qui appliquent le droit canon. Ces juridictions sont appelées Mahakem Charyia (tribunaux ecclésiastiques) et appliquent un droit religieux, édicté et codifié par leurs Eglises.
A l'instar des chrétiens qui sont composés de différentes communautés qui disposent de plusieurs rites (catholiques, orthodoxes, melkites, protestants, maronites, etc..), les musulmans sont également divisés en communautés dans lesquelles il existe divers rites (sunnites, chiites, ismaélites, hanafites, chaéites, hanbalites, etc...). Par conséquent, la Charia musulmane n'est pas unanime. Elle varie en fonction des communautés et des pays dans lesquels elle est appliquée : la Charia en Arabie Saoudite est distincte de celle appliquée en Iran ou de celles qui sont appliquées au Liban, dans chaque communauté, ou encore de la Charia appliquée au Maroc. Enfin, faut-il rappeler que la Charia musulmane n'est pas appliquée dans beaucoup de pays à majorité musulmane à l'instar de la Turquie, la Syrie, la Tunisie, la Jordanie, etc... alors qu'elle vient d'être abolie en France en 2011, à l'occasion de la départementalisation de Mayotte.
Il est évident que certaines règles de la Charia musulmane sont absurdes et que l'Islam, qui ne reconnaît pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat, contrairement au Christianisme qui appelle à rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu, est antinomique avec notre civilisation. Néanmoins, ce n'est pas la Charia ou l'islamisation qui constituent le véritable danger qui guette l'Occident et la France en particulier, mais la déchristianisation de notre société qui plonge dans une « laïcité outrancière », dénoncée à maintes reprises par le Pape Benoît XVI. La laïcité, œuvre fondamentale de la franc-maçonnerie à l'instar de la République et de sa devise « liberté-égalité-fraternité », dénude la Nation de sa valeur fondamentale religieuse inhérente à notre culture et civilisation ancestrales. Le reniement du baptême de la France, fille aînée de l'Eglise, la plonge dans un vide spirituel certes mais sociologique aussi, laissant la voie libre à tous les courants pour le combler.
La religion est un ciment culturel fondamental à la Nation. Nos voisins d'outre-Manche, croyants, agnostiques ou athées affirment avec fierté leur appartenance à l'Eglise anglicane majoritaire ou à l'Eglise catholique. En Grèce, Etat laïc pourtant, les manifestations sociales ou publiques sont précédées d'une cérémonie rappelant l'identité orthodoxe de la société grecque. Il en est de même en Russie brimée par des décennies d'un régime révolutionnaire athéiste...
La France chrétienne depuis le baptême de Clovis renouera-t-elle avec ses valeurs millénaires pour faire face à tous les dangers qui menacent son identité immuable catholique ?
Les partis politiques et la Nation
Au moment où la patrie subit de plein fouet une crise économique et sociale, où son maillon central -la famille- est menacé par des « supercheries » législatives, où les Français sont préoccupés par leur survie quotidienne affrontant les difficultés dues au marasme économique, alors que le fossé se creuse de plus en plus entre le pays réel et le pays légal, le principal parti de droite, l'UMP, est en pleine campagne électorale pour choisir son nouveau président.
Le duel des deux candidats, François Fillon et Jean-François Copé, déchire ce parti par les rivalités internes de soutien intuitu personae à l'un ou à l'autre. Loin du débat idéologique, cette campagne met en exergue la démagogie des personnages, de leur course à l'image par les surenchères médiatiques afin de remporter le « marché électoral ». Leurs intérêts et ambitions personnels priment sur ceux de leur parti, encore plus sur l'intérêt supérieur de la nation. Chacun aspire, en remportant la présidence du parti, à devenir le candidat aux futures élections présidentielles de 2017. Ainsi, leurs discours et leurs slogans ne correspondent pas toujours à leurs convictions personnelles, ce qui explique leurs contradictions.
PROPAGANDE ET DEMAGOGIE
Victime d'un accident de véhicule à deux roues, François Fillon lançait une boutade pour consolider son image à droite : « ma jambe droite n'a jamais été aussi forte ». En effet, l'ancien Premier ministre est tantôt qualifié de « candidat centriste », tantôt de représentant d'une « droite molle », à l'instar de François Hollande qui a été considéré au sein de sa formation politique par Martine Aubry, lors de la campagne de la primaire socialiste, comme incarnant l'image d'une « gauche molle ». C'est pour cette raison que Fillon a établi sa stratégie démagogique en calquant le programme électoral de Nicolas Sarkozy relativement aux question sécuritaires et d'intégration des étrangers en France : assimilation obligatoire avec des sanctions prévues en cas de non intégration de ces derniers, institution d'une démarche officielle pour les enfants nés en France de parents étrangers consistant à choisir, à l'âge de la majorité, la nationalité française... De son côté, Jean-François Copé s'appuie sur des situations circonstancielles pour faire de la surenchère à son rival et se présenter comme le candidat d'une « droite décomplexée », en empruntant un discours populiste manichéen : lancement d'une pétition contre le vote des étrangers, évocation du racisme « anti-blanc » ou encore, sur un ton anecdotique, le cas d'un enfant qui se serait fait arracher son pain au chocolat par « des voyous » sous prétexte que l'on ne mange pas durant le ramadan...
DEMOCRATIE, TROMPERIE
Ce jeu de séduction consistant, durant les campagnes électorales, à lancer des promesses ou à prendre position sur des sujets d'actualité pour attirer la sympathie de l'opinion finit par rendre les Français de plus en plus incrédules voir excédés et révoltés. La droite comme la gauche ont pourtant exercé en alternance le pouvoir durant des décennies et n'ont pas tenu leurs promesses. Ce sentiment d'être trompés et trahis se traduit par la démobilisation des Français qui se rendent compte que la classe politique ne prend pas en considération leurs intérêts réels et pragmatiques. La vie politique confisquée par les partis politiques et par l'Etat qui est dirigé par ces derniers est transformée en un jeu théâtral. La politique politicienne emprunte aux techniques de vente ses méthodes pour parvenir à recueillir, par le biais électoral et grâce aux médias, l'adhésion d'un nombre suffisant de voix pour s'approprier du pouvoir qui s'avère de plus en plus comme une dictature oligarchique exercée par une classe politique déconnectée des vraies préoccupations des Français. L'émergence du clientélisme se traduit par la démagogie accrue des politiciens avec la multiplication des médias qui sont le vecteur de la propagande démocratique.
La nation est donc sacrifiée au profit des intérêts et des calculs électoraux éphémères. En sus du clivage droite/gauche qui divise déjà les Français, au sein de chaque formation voire au sein de chaque parti politique les dissensions internes émiettent ces groupes. A l'instar de l'UMP, le parti socialiste a assisté au même phénomène à l'occasion des primaires socialistes en 2011 ou encore le Front National, durant cette même année, à l'occasion de l'élection de son président succédant à Jean-Marie Le Pen. La démocratie républicaine révélant ses méfaits destructifs de l'intérêt national par ce jeu des partis politiques et le vote de masse, ne conviendrait-il pas de lier la représentation des Français à leur responsabilité directe dans la société par un système de décentralisation avec un pouvoir fédérateur supérieur inhérent à leurs traditions ancestrales ?
Massacres au Proche-Orient : à qui profite le crime ?
L'évolution des événements dans le monde arabe démontre que nous ne sommes pas trompés dans nos analyses et nos prises de position à l'égard de ce que les médias et une certaine intelligentsia dénomment « révolution » ou « printemps arabe ».
En réalité, il semble que ces mouvements soient orchestrés minutieusement par des services secrets avec des fonds gigantesques versés par des pays leur servant de vitrine, à l'instar du Qatar ou de l'Arabie saoudite. Cette machination s'effectue par une manipulation de l'opinion publique en tablant sur les facteurs différentiels ou les mécontentements de la masse. Les moyens de communication moderne facilitent cette campagne menée notamment par les médias et les réseaux sociaux mais aussi à travers des groupes de pression agissant sur les politiques. Cette conspiration a pour objectif de semer la discorde et d'instaurer un chaos provoquant la régression culturelle, économique et sociale de ces pays, après la déstabilisation de leurs régimes successifs, en portant atteinte aux constructions nationales inhérentes à leurs structures identitaires. C'est la raison pour laquelle l'émergence des courants fondamentalistes religieux transnationaux, notamment l'islamisme radical, est encouragée afin de battre en brèche le nationalisme. Malheureusement, ce processus machiavélique se poursuit, du Maghreb au Machrek, avec l'objectif escompté : divide et impera.
Le 19 octobre 2012, un attentat à la voiture piégée a secoué le centre de la capitale libanaise, Beyrouth, faisant 8 morts et une centaine de blessés. Parmi ces morts, figurait le Général Wissam El Hassan, chef des services de renseignement intérieur libanais, de confession sunnite, connu pour son in-amitié avec le régime syrien.
Cette opération nécessita le déploiement d'une logistique avec de grands moyens permettant de pister minutieusement cette victime, connaître ses habitudes et ses déplacements, savoir à quel moment il rentrait de Paris, à quel endroit il devait se rendre à Beyrouth et par quel moyen il ne pourrait pas échapper à cet attentat.
Aussitôt après cette déflagration, la Syrie a été visée et le Président Al Assad pointé du doigt. Notre ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, n'a pas hésité à accuser le Président syrien « d'essayer d'élargir la contagion » du conflit syrien aux pays voisins ; une déclaration du Chef de la diplomatie française rompant avec la retenue du discours inhérent à cette fonction.
Le Président syrien qualifié par les médias, il y a quelques semaines avant cet attentat, comme ayant perdu la main sur son propre pays, ne gouvernant que les alentours de son palais à Damas, a-t-il le loisir mais surtout les moyens d'effectuer un acte d'une telle envergure, en sachant que les services syriens ont ramassé un coup dur depuis l'attentat qui visait le Président Al Assad et qui a coûté la vie à son beau-frère, le responsable sécuritaire Assef Chawkat ? Dans quel objectif la Syrie aurait-elle effectué cet attentat, en sachant que le Général Al Hassan est qualifié d'anti-syrien et que son assassinat ne servirait que la publicité ternissant le visage du régime syrien ?
Cette accusation à l'instar de celles relatives à la série d'attentats surgis au Liban depuis 2005, après l'assassinat du Premier ministre, Rafiq Hariri, attribué également à la Syrie, profitent-ils réellement au Président Al Assad où à ceux qui veulent provoquer un conflit inter-communautaire entre les Sunnites et les Chiites et déstabiliser le Proche-Orient ?
En effet, aussitôt après les funérailles du Général Al Hassan, des altercations ont eu lieu entre ces deux communautés dans la capitale libanaise rappelant les pages sinistres de la guerre civile dont la Syrie est aujourd'hui victime. Ces attentats lâches et ces assassinats politiques dont il est impossible de déterminer les véritables commanditaires ont pour objectif de créer une psychose et une tension, en suscitant la frustration des protagonistes politiques. Les médias sont tout aussi responsables de cette situation puisqu'ils servent les intérêts de ceux qui cherchent la déstabilisation de ces pays.
A l'instar de la Syrie, le régime libyen de Mouamar Kadhafi a été dépeint, quarante ans après son instauration, comme étant une dictature qui réprime son peuple. En 2011, la campagne orchestrée contre ce régime a permis, grâce à l'intervention de la France sous le couvert de l'OTAN, d'installer le chaos et de faire émerger une guerre civile dans ce pays. Le carnage de la ville de Ben Walid, il y a une dizaine de jours, bombardée avec du gaz moutarde ciblant la population civile n'a pas indigné Bernard – Henri Lévy ni les médias. Ce massacre odieux n'a pas suscité une intervention « humanitaire » à l'instar de celle qui a permis aux rebelles de réussir leur coup d'état l'an dernier. Et pourtant, à Ben Walid, des enfants, des femmes et des vieux ont été victimes de crimes de guerre.
Ces prises de position sélectives et la manipulation de l'opinion publique par les grands médias et les déclarations politiques fallacieuses servent les intérêts de ceux à qui profite le crime en cherchant l'affaiblissement voire l'anéantissement des modèles nationaux en faveur d'un désordre international.
Qatar : investir dans l'islamisme
Le ministère du Redressement productif français a récemment approuvé la création d'un fonds franco-qatari pour financer les banlieues dont le montant, révélé par le quotidien Libération, est de 100 millions d'Euros, la moitié provenant du Qatar. Une association française d'élus locaux (Aneld : Association Nationale des Elus Locaux pour la Diversité) aurait approché l'Emir du Qatar en personne, depuis plusieurs mois, afin d'obtenir ce financement.
Depuis quelques années, le Qatar multiplie ses investissements dans notre pays : rachat du PSG, acquisition d'une partie importante des droits de Ligue 1, participation à hauteur de 5,6% au sein de BTP Vinci, de 5% au sein de Veolia, de 10% au sein de Lagardère, de 2% au sein de Total, achat du Centre des conférences internationales et de quatre grands hôtels français dont le Royal Monceau à Paris et le Carlton à Cannes... Des mesures d'allègements fiscaux prises en 2008 et entrées en vigueur en février 2009, exonèrent entre autres l'Etat du Qatar ou ses entités publiques, y compris la famille de l'Emir, de l'impôt sur les plus-values immobilières et créent un statut particulier concernant les bénéfices des sociétés qataries établies en France ainsi que l’assujettissement des Qataris à l'ISF.
Certains se réjouissent de ces mesures et de ces investissements d'un point de vue strictement économique et financier. D'autres craignent leurs répercussions politiques, notamment en ce qui concerne ce fonds, qui non seulement démontrent l'échec des politiques gouvernementales de droite comme de gauche à l'égard des banlieues mais permettent à un pays soupçonné d'avoir un rôle dans la radicalisation des musulmans de s'ingérer dans nos affaires nationales. En effet, les bénéficiaires de ce fonds sont en majorité de confession musulmane. Une emprise radicalisante sur eux amplifiera les tensions sous-jacentes provenant de la montée du communautarisme en France, notamment de celles des courants et des mouvements islamistes.
A l'instar des Wahhabites de l'Arabie saoudite, le Qatar a contribué ces dernières années à l'émergence de ces courants dans les pays à majorité musulmane du monde arabe, sous bénédiction américano-occidentale. Cet Emirat du Golfe, producteur de pétrole qui a principalement contribué à sa richesse, essaie de concurrencer l'Arabie saoudite dans son influence sur les musulmans sunnites arabophones. En 1996, il lance une chaîne de télévision moderne inspirée de la CNN, Al Jazeera, qui acquiert très vite une réputation et une influence importante sur l'opinion publique arabe. Dès lors, cette chaîne se radicalise progressivement et s'instrumentalise tant pour propager les courants religieux islamiques radicaux que pour inciter la rue à la révolte dans les pays arabes à l'instar d'une autre chaîne similaire, lancée en 2003 par les Saoudiens, Al Arabyia. En s'appuyant sur ces supports de propagande, aussi bien l'Arabie saoudite que le Qatar financent parallèlement les mouvements politico-religieux d'obédience radicale.
Le renversement du régime libyen aurait été en partie aidé et financé par le Qatar : d'une part, en procurant une aide aux pays qui ont déclenché l'offensive contre le régime libyen y compris la France et, d'autre part, aux rebelles principalement islamistes. Le parti islamiste tunisien, Ennahda, a profité des largesses qataries durant sa campagne électorale qui ont contribué à sa victoire. Les activistes des Frères musulmans égyptiens, à l'instar de Youssef Qaradawi qui est devenu une vedette d'une émission sur la chariaa à la télévision Al Jazeera, étaient hébergés à Doha, la capitale du Qatar. Les rebelles syriens, notamment les Frères musulmans, sont en partie financés par le Qatar. Dans un récent article paru la semaine dernière dans l'Humanité qui semble commencer à comprendre la réalité de la situation en Syrie, le Qatar est pointé du doigt : « Le Qatar profite de l’absence d’opposition unie en Syrie pour tenter de se poser en protecteur des groupes rebelles sunnites largement financés à renfort de pétrodollars, qu’il veut présenter comme la seule force légitime anti-Assad».
Placés sous l'emprise américaine, le Qatar, comme l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, favorisent les courants islamistes radicaux soutenus ouvertement par les Etats-Unis. A l'instar du communisme, le phénomène de l'islamisme radical trouve écho dans les couches populaires défavorisées et auprès des ultra-intellectuels. Son expansion conduit à une situation conflictuelle « civilisationnelle » selon la théorie du « choc des civilisations » prônée par une partie de l'intelligentsia américaine. Il est donc légitime de craindre, en contre partie des largesses qataries accordées à nos banlieues, l'accentuation d'une poussée fondamentaliste islamiste dangereuse dans notre pays, facilitée par la laïcité républicaine.
Visite historique et exceptionnelle du Pape au Liban
Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a effectué, la semaine dernière, une visite de trois jours au Liban au cours de laquelle il a procédé à la signature et la remise de l'exhortation apostolique post-synodale de l'Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques. Il a été accueilli chaleureusement par l'ensemble des communautés libanaises et les dignitaires religieux des différents rites chrétiens mais aussi par les druzes, les musulmans sunnites et chiites. Le Chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a qualifié cette visite d'« historique et d'exceptionnelle ». A son arrivée à l'aéroport de Beyrouth, des milliers de personnes accueillaient le Saint Père dont des femmes musulmanes voilées en tchador noir et des centaines de scouts du Hezbollah. La chaîne de télévision de ce mouvement chiite a retransmis l'intégralité de cette visite, y compris la messe qu'il a célébré dimanche au centre-ville de la capitale du pays du Cèdre, en direct. Cette visite coïncidait avec l'ébullition suscitée par la diffusion sur le net du film provocateur, « l'innocence des musulmans », dont la date de sortie, le contenu et la machination relative à son auteur présumé ne sont pas anodins. Cette opération qui semble être méticuleusement préparée chercherait à créer une tension, en sachant bien la réaction des groupes fanatisés depuis plus d'une décennie, notamment par les salafistes. D'une part, elle démontrerait le « choc des civilisations » et, d'autre part, elle provoquerait des heurts inter-communautaires en particulier au Proche-Orient, en commençant par l'Egypte, entre les Coptes et les musulmans. C'est la raison pour laquelle la réaction violente de ces groupes est condamnable car elle apporte le résultat escompté de cette opération qui non seulement a pour objectif de ternir l'image des musulmans mais de contribuer à accentuer le complot visant à la déstabilisation du Proche-Orient, en portant atteinte à la coexistence pacifique des communautés et à l'émergence des théocraties. La visite du Pape au pays du Cèdre a le mérite de déjouer ce complot. Benoît XVI a appelé l'ensemble des Chrétiens d'Orient à ne pas avoir peur de la poussée du fondamentalisme et à ne pas quitter leur terre.
En effet, on a souvent tendance à dresser un tableau simpliste sur la situation et le sort des Chrétiens en Orient, en les décrivant comme une minorité opprimée par une majorité musulmane. Mais un examen plus approfondi de cet Orient compliqué avec sa mosaïque sociale, communautaire, religieuse, démographique, culturelle et politique nous démontre la difficulté de l'expliquer avec des idées voire des formules simples. Les « Chrétiens d'Orient » ne constituent pas une seule entité homogène. Il convient donc de parler des « Chrétiens en Orient ». La confusion viendrait aussi de l'assimilation de ces communautés à leurs églises qui sont, pour la plupart, des églises orientales. Cependant, il existe des Chrétiens en Orient dont l'église et le rite ne sont pas orientaux à l'instar des Latins tandis qu'il existe des églises orientales en Occident (les Orthodoxes en Grèce, dans certains pays de l'Europe de l'Est et Centrale ou en Russie)... Dans ce même esprit de confusion, certains opposent l'Occident chrétien à l'Orient musulman, en allant même jusqu'à parler des « Chrétiens en Terre d'Islam ». Or, faut-il rappeler que le Christianisme a précédé l'Islam et qu'il a lui aussi pris naissance en Orient? Le Christianisme a en effet émergé en Orient en teintant ses civilisations et ses nations par la couleur de l'espoir du Christ et de la résurrection. Il s'est confronté aux religions et philosophies préexistantes pour se fondre avec elles et donner naissance à une pléthore d'églises et de rites qui illustrent les spécificités culturelles multiples et complexes de ces civilisations. Ainsi donc, l'existence des chrétiens en Orient est millénaire. Ces derniers ont contribué activement à la vie politique et sociale, à l'émergence des Etats-Nations actuels, à côté des autres communautés musulmanes, juives, druzes, kurdes, zoratiennes, etc. Il est certain que la coexistence entre ces diverses communautés n'a pas toujours été pacifique ou harmonieuse durant l'Histoire. En Orient, comme en Occident, on a assisté à des heurts sanglants, à des dominations, des vexations et de l'injustice. Mais la plupart de ces communautés a survécu à ces pages sinistres du passé. Sous l'Empire ottoman qui domina très longtemps une large partie de cet Orient complexe et disparate, le pouvoir central -la Sublime Porte- gouvernait ces communautés en accordant une spécificité à chacune d'elles. Ces dernières étaient alors qualifiées de « millets » (nations), placées la plupart du temps sous l'autorité de leurs chefs spirituels. Après la chute de l'Empire ottoman et à l'issue de la première guerre mondiale, l'Orient a reçu une nouvelle cartographie et a assisté à l'émergence d'Etats – nations englobant ces diverses communautés. L'équilibre démographique de ces dernières a donc été rompu au sein de ces nouvelles structures. Mais un examen global de ces communautés en Orient démontre que la notion de majorité et de minorité est complexe, compte tenu des alliances intra-communautaires.
Ce facteur communautaire intrinsèque aux sociétés orientales mais aussi la place importante que la religion occupe dans la relation qui existe entre l'Homme et la société (cet élément a été occulté dans certains pays occidentaux, à l'instar de la France, depuis la Révolution, où l'on cultive la dissociation de l'individu de ses racines culturelles et identitaires en transformant la séparation de l'Eglise et de l'Etat en une laïcité outrancière) est aujourd'hui instrumentalisé à des fins politiques. La formule d'Etat – nation voire le nationalisme tout court est poussé à l'échec dans la plupart des pays orientaux, en particulier depuis l'émergence du sionisme et la création de l'Etat théocratique d'Israël au Proche-Orient. La diplomatie américaine, sous l'influence des groupes de pression pro-sionistes, favorise le communautarisme au détriment des constructions étatiques multiconfessionnelles aussi bien pour servir les intérêts de leur allié israélien que pour affaiblir les structures nationales en les déstabilisant, surtout dans les pays orientaux émergents. Cette stratégie inspirée de celle de la diplomatie ottomane, fondée sur le divide et impera, sert également à l'emprise américaine sur cette région riche du monde.
Ainsi, les courants fondamentalistes religieux sont encouragés. A titre d'illustration, les Wahhabites en Arabie Saoudite, pourtant fondamentalistes, procèdent en toute impunité à un prosélytisme chez une grande partie des Sunnites, proliférant le salafisme... La résistance palestinienne a été délibérément islamisée : elle est dirigée principalement par le Hamas. Ce mouvement religieux sunnite a été encouragé par Israël. Il a remplacé l'OLP (l'Organisation de la Libération de la Palestine), dirigée alors par Yasser Arafat dont la femme est chrétienne ainsi que les autres mouvements de résistance à l'instar du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) créé par le chrétien Georges Habache et dirigé par un autre chrétien palestinien : Wadih Haddad. Georges Habache avait préalablement créé le Mouvement nationaliste arabe avec un autre chrétien : Constantin Zureik. Le régime nationaliste Baas en Irak a été éradiqué (ce mouvement a été créé dans les années 40 par le chrétien Michel Aflak) en laissant la place libre à une pléthore de mouvements communautaires aussi bien chiites que sunnites ou kurdes. En Syrie, les tentatives du changement du régime nationaliste baasiste dirigé par la famille El Assad persistent. Les rebelles islamistes sont lourdement armées pour s'attaquer au régime et effectuer des exactions visant en particulier les chrétiens. Pour n'en citer qu'un seul exemple, tout récemment, les rebelles se sont attaquées à un car transportant des chrétiens et les ont égorgés... C'est la raison pour laquelle le Pape n'a pas hésité à lancer un appel pour ne plus envoyer d'armes en Syrie.
L'effervescence du fondamentalisme religieux et la balkanisation de l'Orient en battant en brèche les structures étatiques actuelles en faveur de la création de mini-Etats confessionnels, parfois théocratiques, constitue une vraie menace aussi bien pour les Chrétiens que pour les autres communautés en Orient. L'instrumentalisation de la religion et des facteurs différentiels et identitaires culturels à des fins politiques conduit à un cercle vicieux où la peur et la haine des uns et des autres contribue à l'accentuation de ce chaos. Il est donc imprudent d'avaliser cette situation et de renchérir sur la tension entre ces communautés, qui peut être surmontée. Le Pape Benoît XVI, à l'instar de son prédécesseur Jean-Paul II qui avait qualifié le Liban de « message pour le monde », a rappelé la nécessité de coexistence pacifique entre les communautés à l'instar du Liban, dans chaque pays du Moyen-Orient, pour éviter les exodes et l'émergence de théocraties qui entreraient en heurts perpétuels.
Faut-t'il avoir peur de la Charia ?
L'Islam provoque la peur dans les esprits non seulement à cause du courant politique qu'il a engendré ces dernières années avec l'émergence et l'expansion des « islamistes », mais également en raison du modèle culturel et social qu'il projette à travers la Charia. Les médias attisent cette peur en faisant des amalgames, des raccourcis et en semant la confusion à ce sujet.
Il convient donc, de prime abord, de distinguer la religion musulmane de l'« islamisme », à l'instar du judaïsme et du « sionisme ».
On entend par « islamisme » les différents courants politiques qui exploitent certains préceptes de l'Islam, les interprètent subjectivement, afin de développer une idéologie politique fondée sur un facteur religieux, pour attirer la masse par les sentiments. C'est la raison pour laquelle il n'existe pas un seul mais une pléthore de mouvements islamistes. Certains d'entre eux sont violents et constituent une menace pour ceux qui ne partagent pas leur idéologie, qu'ils soient musulmans ou non-musulmans.
La manipulation politique des islamistes conduit ces derniers à des positions et des agissements parfois très contradictoires avec l'Islam, provoquant la réaction des dignitaires classiques des différentes communautés musulmanes qui condamnent ces courants politiques et rappellent leurs croyants à la Charia.
Étymologiquement, la Charia est l'ensemble des règles d'inspiration religieuse qui régissent la vie et les rapports sociaux. Les juridictions qui veillent à l'application de ces règles sont appelées en arabe : Mahakem Chariya. Ainsi donc, la Charia n'est pas propre à l'Islam. C'est la raison pour laquelle il convient de préciser la Charia musulmane (Al Charia al islamyia) pour la distinguer des autres règles d'inspiration religieuse pour éviter tout amalgame. Dans les pays arabes qui adoptent les règles religieuses, notamment pour le statut des personnes, les chrétiens disposent de leur réglementation et de leurs tribunaux ecclésiastiques qui appliquent le droit canon. Ces juridictions sont appelées Mahakem Charyia (tribunaux ecclésiastiques) et appliquent un droit religieux, édicté et codifié par leurs Eglises.
A l'instar des chrétiens qui sont composés de différentes communautés qui disposent de plusieurs rites (catholiques, orthodoxes, melkites, protestants, maronites, etc..), les musulmans sont également divisés en communautés dans lesquelles il existe divers rites (sunnites, chiites, ismaélites, hanafites, chaéites, hanbalites, etc...). Par conséquent, la Charia musulmane n'est pas unanime. Elle varie en fonction des communautés et des pays dans lesquels elle est appliquée : la Charia en Arabie Saoudite est distincte de celle appliquée en Iran ou de celles qui sont appliquées au Liban, dans chaque communauté, ou encore de la Charia appliquée au Maroc. Enfin, faut-il rappeler que la Charia musulmane n'est pas appliquée dans beaucoup de pays à majorité musulmane à l'instar de la Turquie, la Syrie, la Tunisie, la Jordanie, etc... alors qu'elle vient d'être abolie en France en 2011, à l'occasion de la départementalisation de Mayotte.
Il est évident que certaines règles de la Charia musulmane sont absurdes et que l'Islam, qui ne reconnaît pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat, contrairement au Christianisme qui appelle à rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu, est antinomique avec notre civilisation. Néanmoins, ce n'est pas la Charia ou l'islamisation qui constituent le véritable danger qui guette l'Occident et la France en particulier, mais la déchristianisation de notre société qui plonge dans une « laïcité outrancière », dénoncée à maintes reprises par le Pape Benoît XVI. La laïcité, œuvre fondamentale de la franc-maçonnerie à l'instar de la République et de sa devise « liberté-égalité-fraternité », dénude la Nation de sa valeur fondamentale religieuse inhérente à notre culture et civilisation ancestrales. Le reniement du baptême de la France, fille aînée de l'Eglise, la plonge dans un vide spirituel certes mais sociologique aussi, laissant la voie libre à tous les courants pour le combler.
La religion est un ciment culturel fondamental à la Nation. Nos voisins d'outre-Manche, croyants, agnostiques ou athées affirment avec fierté leur appartenance à l'Eglise anglicane majoritaire ou à l'Eglise catholique. En Grèce, Etat laïc pourtant, les manifestations sociales ou publiques sont précédées d'une cérémonie rappelant l'identité orthodoxe de la société grecque. Il en est de même en Russie brimée par des décennies d'un régime révolutionnaire athéiste...
La France chrétienne depuis le baptême de Clovis renouera-t-elle avec ses valeurs millénaires pour faire face à tous les dangers qui menacent son identité immuable catholique ?
La famille en péril
La famille est le socle de la nation. Sur elle repose la construction sociale avec des principes et des valeurs qui découlent principalement de la loi naturelle, une inclinaison inhérente à notre espèce à agir conformément à la raison et selon la vertu. L'élaboration progressive des normes devra émaner de ces principes.
La décomposition de la famille entraîne celle de la société avec la déconstruction de ses valeurs et, par là-même, la dévalorisation et la destruction de l’Être humain. Défendre la nation commence par la préservation de la famille et de l'Être dans sa dimension anthropologique. La légifération, par l'artifice démocratique, en faisant adopter des textes contraires à la vertu et dégradant les valeurs morales et sociales tel que le mariage homosexuel, l'homoparentalité, la banalisation de l'avortement et de l'euthanasie illustre la démagogie républicaine pour qui plus rien ne semble avoir de sens. Cela conduit la nation à la dérive par la perte des repères naturels et la perturbation de l'ordre moral et social.
Au lieu de préserver les liens familiaux et renforcer de ce fait la cohésion sociale, une loi du 26 mai 2004 est venue faciliter les désunions en banalisant le divorce. Désormais, une mésentente passagère dans les couples pourrait conduire à la rupture du mariage par le truchement d'une procédure judiciaire expéditive et expresse de divorce. D'où la multiplication des désunions entraînant chez les enfants des troubles psychologiques traumatiques, découlant des problèmes de garde, de l'absence de foyer stable, de déchirement d'appartenance familiale et de filiation, avec des « recompositions » artificielles de familles désunies ou encore la « monoparentalité » qui provoque l'absence de l'autorité parentale. Cela se traduit hélas par le recours des jeunes à la drogue ou le sombrage dans la délinquance...
Parallèlement à l'effondrement du mariage, la destruction de l'institution familiale sera-t-elle consacrée par l'adoption des mariages homosexuels et l'instauration de l'« homoparentalité » ? La ministre socialiste « déléguée à la famille », Dominique Bertinotti, a annoncé la présentation d'un projet de loi relatif à cette dérive non seulement décadente mais portant aussi atteinte à l'ordre public qui se transformera désormais en « désordre ». L'ensemble du droit de la famille, de la filiation, des successions et des libéralités seraient enclins à une réforme, voire à une série de réformes aberrantes, affectant les principes fondamentaux du droit civil. Pour m'en citer qu'un exemple, la nature fait que la procréation ne peut découler que de l'union de deux sexes opposés. En instituant le mariage homosexuel, le palliatif à la procréation naturelle dans le cadre de l'homoparentalité sera le recours à une filiation adoptive artificielle dans laquelle les enfants, instruments de cette machination, se trouveront partagés entre trois à quatre parents : parents biologiques naturels, parents adoptifs, avec des liens de sang et des liens d'adoption compliqués qui infectent l'ensemble du tissus social et familial et qui perturbent l'ordonnancement juridique. Où en est l'intérêt de l'enfant hautement protégé et sacré dont l'équilibre psychique sera atteint ?
La banalisation de l'homosexualité qui est une perversité de l'esprit ou la traduction d'un déséquilibre biologique ouvre la voie à toutes les permissivités et les exagérations en faisant de l'exception la norme. Dans le même ordre d'idées, la légalisation de l'avortement a encouragé beaucoup de femmes à avoir recours à ce procédé, par voie de facilité, provoquant des millions de pertes de vie. Ce ne sont pas les homosexuels ou les femmes avorteuses qui sont reprochables, surtout si ces phénomènes restent marginaux ou exceptionnels, mais c'est la normalisation de l'homosexualité et de l'avortement qui est condamnable.
La loi sur l'interruption volontaire de grossesse (dite la loi Weil du nom de la ministre Simone Weil qui l'avait fait adopter en 1975) a provoqué une déconsidération de la vie humaine qui peut désormais être interrompue, pour n'importe quel motif voire sans aucun motif, ne serait-ce que par la volonté d'y mettre fin. N'est-il pas un crime d'ôter la vie ? Le débat sur l'euthanasie lancé par le Président François Hollande et la tendance à vouloir normaliser cette procédure traduit, de la même manière, la banalisation du crime, l'irrespect de la vie et de l'Être humain. Sous prétexte d'alléger la souffrance de certains malades, peut-on mettre fin à leur vie ? Non seulement la normalisation de l'euthanasie ferme la porte à l'espoir de rémission mais elle facilite et camoufle, dans certains cas, l'homicide volontaire. Sans encourager l'acharnement thérapeutique qui est d'ailleurs condamné par le Code de déontologie médicale, il convient de garder « l'exception d'euthanasie » pour les cas les plus extrêmes et exceptionnels avec une procédure très contrôlée et d'éviter sa légalisation qui ouvrira la porte aux abus et à la systématisation du recours à ce procédé.
Le recours à la légalisation des phénomènes marginaux et décadents par souci démagogique de plaire aux groupes de pression traduit le gage démocratique de la république au mépris de la morale, de la loi naturelle, de la doctrine sociale de l'Eglise et de l'intérêt supérieur de la nation qui en paie le prix.
L'échec de la démocratie
A l'occasion des élections des analyses sont publiées et des voix s'élèvent pour parler ouvertement de la crise de la démocratie.
En effet, il ne s'agit pas d'une crise passagère mais d'un constat de l'échec du fondement même de la démocratie et du dysfonctionnement des institutions républicaines.
Les réactions des Français au climat politique qui règne durant les campagnes électorales font preuve de leur prise de conscience des méfaits du système et de l'idéal démocratique et électoral. Dans une situation de crise économique et d'austérités, faut-il rappeler que ces campagnes engendrent des coûts exorbitants ?
Cela indigne profondément bon nombre de Français.
Déçus par leur système, trahis par leurs dirigeants qui font passer leurs intérêts personnels et celui de leurs partis politiques devant l'intérêt national, les Français semblent vouloir exprimer leur révolte par l'abstention qui n'est pas une manière de rejeter les candidats mais de sanctionner tout un système qui affaiblit la Nation, la disloque, qui dilue le pouvoir jusqu'à l'anéantir. Plusieurs ouvrages, études et articles publiés récemment en font état.
En effet, la proximité des scrutins, la répétitivité des campagnes et le sentiment de la sclérose socio-politique renforcent l'abstentionnisme. On est appelé à voter pour les présidentielles, les législatives, les municipales, les cantonales, les européennes nonobstant les référendums que Monsieur Sarkozy préconise d'une manière plus fréquente... Chacune de ces élections immobilise la nation, notamment en période de campagne où la surenchère médiatique des candidats, encouragée par la multiplicité des moyens de communication, amplifie le caractère démagogique des propos et des discours. Le souci des candidats est donc de plaire pour séduire le maximum d'électeurs (ou de « clients », compte tenu de la transformation de la chose publique en « produit politique » appelé à recueillir le plus de « consommateurs »). Cela conduit au recul des idéologies, à l'appauvrissement du discours politique de sa substance et à l'émergence de slogans soumis à l'arbitraire d'une opinion publique fluctuante dont les réactions sont éphémères et qui varient en fonction des événements relayés par les médias. Les programmes politiques reflètent ce déclin : les partis politiques empruntent les idées des uns et des autres avec des vérités et des contre – vérités contradictoires et déconcertantes.
Enfermés dans ce cercle vicieux, les Français sont perdus. Ils n'ont plus le sens ni le goût de la recherche de la Vérité. Ils sont déçus par les promesses non tenues de leurs dirigeants. Ces derniers, même s'ils sont de bonne foi, sont incapables de réaliser leurs programmes compte tenu de l’exiguïté des mandats républicains et de la nécessité pour eux de se préparer aux prochaines échéances électorales.
Face à cette crise qui traduit l'échec de la démocratie et dont les Français sont conscients, il convient de conduire ces derniers à retrouver leurs institutions monarchiques, garantes de la stabilité de la Nation et permettant son évolution naturelle et sociologique, dans le respect de nos spécificités régionales. Cela nous permet également de réaffirmer nos valeurs et notre identité millénaire immuable, française, chrétienne, catholique que la république a tenté, depuis la révolution, de faire disparaître.
La vraie menace pour les Chrétiens du Moyen-Orient
Les attentats et les attaques que subissent les différentes communautés chrétiennes au Moyen – Orient, suscitent notre indignation. Néanmoins, loin de la réaction sentimentale et des manipulations politico-médiatiques, il convient de mettre l'accent sur la vraie menace qui pèse aussi bien sur les Chrétiens que sur les autres communautés au Proche et au Moyen – Orient. Il convient donc d'analyser cette situation dans sa globalité afin de comprendre l'enjeu géopolitique et les manœuvres de dislocation des entités nationales traditionnelles, en vue d'ériger des systèmes communautaires théocratiques.
L'EXEMPLE LIBANAIS
Il y a plus de 30 ans, le Liban a été la première victime de ces exactions : un conflit entre les Libanais et les réfugiés Palestiniens, transformé en une guerre civile inter-communautaire a créé un imbroglio et a permis ensuite l'émergence de milices ainsi qu'une série d'interventions militaires étrangères, entrecoupées d'attentats visant aussi bien des civils que des politiques. A nos jours, les véritables commanditaires de ces attentats n'ont jamais été déterminés. Les exécutants de ces actes sont des mercenaires qui constituent un dernier maillon d'une chaîne. Ils agissent sur ordre de personnes qui les approchent et qui sont téléguidées, quant à elles, par des réseaux de différents services dont la complexité des rapports dépasse toute logique. Certes, ces « mercenaires » agissent parfois par conviction mais très souvent ces convictions sont nourries par des besoins de survie matérielle. Ainsi donc, il est impossible de déterminer les responsables qui se cachent derrière ces actes. Leurs attribution gratuite à des parties a pour objectif de créer des tensions politiques, à l'instar de l'assassinat de Rafiq Hariri.
LA LIBANISATION DE L'IRAK
A maintes reprises, nous avons dénoncé cette politique, notamment en 2003 (voir à ce propos le numéro 2624 de notre journal). Nous avons été les premiers à prédire la situation actuelle qu'endure les peuples du Proche et du Moyen – Orient et à alarmer l'opinion publique, en soulignant l'objectif réel qui se cache derrière cette politique du « divide et impera ». Cette politique, sous le couvert du slogan de la « démocratisation » des pays du Moyen-Orient, soulève les communautés les unes contre les autres et bat en brèche les systèmes politiques nationaux. Ainsi, en Irak, ce ne sont pas les armes interdites ni uniquement le pétrole qui ont animé l'intervention militaire dans ce pays, mais la volonté de créer une tension inter-communautaire entre les sunnites, les chiites, les chrétiens, les kurdes... L'impossibilité de renversement interne du régime de Saddam Hussein a conduit à la frappe externe de ce régime pour conduire au chaos. L'Histoire nous a donné raison. Aussi bien l'ancien Président George Bush que l'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, ont reconnu leurs erreurs dans leurs Mémoires respectifs. Ce dernier sous-entend une manipulation des Hommes au pouvoir, dans son ouvrage « A Journey ».
En février 2003, j'ai eu l'occasion de m'entretenir à Bagdad avec Hans Blix, alors inspecteur en chef des Nations Unies sur les armes de destruction massive en Irak. Ce dernier a révélé en mi-mots les pressions qui s'exerçaient sur lui afin de rendre un rapport favorable à une éventuelle intervention dissuasive militaire.
L'ORIENT COMPLIQUE AVEC DES FORMULES SIMPLES ?
On a souvent tendance à dresser un tableau simpliste sur la situation et le sort des Chrétiens en Orient, en les décrivant comme une minorité opprimée par une majorité musulmane. Cela est peut être fait dans un esprit propagandiste et politique pour semer la peur et la haine et entraîner par conséquent la discorde. Mais cela est parfois fait d'une manière involontaire, par ignorance des réalités. La poussée du fondamentalisme religieux et l'émergence de l'« islamisme » contribuent à accentuer cette image. Ces évènements dramatiques qui surviennent dans cette région en pleine ébullition et qui visent des communautés chrétiennes, sortis de ce contexte, renforcent cette démonstration et créent un sentiment de peur et de persécution au sein de ces populations, poussées très souvent à quitter leurs terres, à la recherche d'oasis de paix ailleurs. Mais faut-il rappeler que les Sunnites aussi bien que les Chiites, en Irak, sont victimes d'attaques et d'attentats et que les Palestiniens font l'objet d'une tentative d'extermination?
En Orient, ces différentes communautés ont coexisté ensemble. Sous l'Empire ottoman qui domina très longtemps une large partie de cette partie du monde, le pouvoir central ottoman (la Sublime Porte) gouvernait ces entités en accordant une spécificité à chacune d'elles. Ces communautés étaient alors qualifiées de « millets » (nations), placées la plupart du temps sous l'autorité de leurs chefs spirituels.
DU NATIONALISME A L'INTEGRISME
Après la chute de l'Empire ottoman et à l'issue de la première guerre mondiale, l'Orient a reçu une nouvelle cartographie et a assisté à l'émergence d'Etats – nations englobant ces diverses composantes. Mais un examen global de ces dernières démontre que la notion de majorité et de minorité est complexe, compte tenu des alliances intra-communautaires : les Sunnites et les Chrétiens peuvent s'allier contre les Chiites en Irak, de même que les Alaouites et les Chrétiens en Syrie contre les Sunnites, les Druzes et les Maronites au Liban contre les Chiites compte tenu de la démographie rampante de cette communauté au pays du Cèdre, mais encore les Chrétiens et les Chiites au Liban contre un éventuel conglomérat sunnite syro-libanais placé sous l'influence des mouvements salafistes ou wahhabites, les Druzes et les Juifs contre ce même conglomérat sunnite en Israël tandis que les Chrétiens avec les Sunnites dirigeaient la résistance palestinienne laïque...
Ce facteur communautaire intrinsèque aux sociétés en Orient mais aussi la place importante que la religion occupe dans la relation qui existe entre l'Homme et la société (cet élément a été occulté dans certains pays occidentaux, à l'instar de la France, depuis la Révolution, où l'on cultive la dissociation de l'individu de ses racines culturelles et identitaires en transformant la séparation de l'Eglise et de l'Etat en une laïcité outrancière) est instrumentalisé à des fins politiques. La formule d'Etat – nation voire le nationalisme tout court est poussé à l'échec dans la plupart des pays orientaux, en particulier depuis l'émergence du sionisme et la création de l'Etat théocratique d'Israël au Proche-Orient. La diplomatie américaine, sous l'influence des groupes de pression pro-sionistes, favorise le communautarisme au détriment des constructions étatiques multiconfessionnelles aussi bien pour servir les intérêts de leur allié israélien que pour affaiblir les structures nationales en les déstabilisant, surtout dans les pays orientaux émergents. Cette stratégie inspirée de celle de la diplomatie ottomane sert également à l'emprise américaine sur cette région riche du monde. Ainsi, les courants fondamentalistes religieux sont encouragés à l'instar des Ayatollahs chiites en Iran qui ont renversé la monarchie et mis en place un régime théocratique favorable au projet communautariste, dans les années 70. La tendance séculatrice actuelle de ce régime et la vocation naturelle des Iraniens à renouer avec leurs racines culturelles et leur civilisation millénaire est aujourd'hui mise en cause. En revanche, les Wahhabites en Arabie Saoudite, pourtant fondamentalistes, procèdent en toute impunité à un prosélytisme chez une grande partie des Sunnites, prônant des principes similaires à ceux d'Al Qaïda.
DE LA RESISTANCE NATIONALE PALESTINIENNE AU HAMAS
La résistance palestinienne a été délibérément islamisée : elle est aujourd'hui dirigée principalement par le Hamas. Ce mouvement religieux sunnite a été encouragé par Israël. Il a remplacé l'OLP, dirigée alors par Yasser Arafat dont la femme est chrétienne ainsi que les autres mouvements de résistance à l'instar du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) créé par le chrétien Georges Habache et dirigé par un autre chrétien palestinien : Wadih Haddad. Habache avait préalablement créé le Mouvement nationaliste arabe avec un autre chrétien, Constantin Zureik. Le régime nationaliste Baas en Irak a été éradiqué (ce mouvement a été créé dans les années 40 par le chrétien Michel Aflak), en laissant la place libre à une pléthore de mouvements communautaires aussi bien chiites que sunnites ou kurdes. L'une des figures dirigeantes du parti Baas, Monsieur Tarek Aziz, ancien Vice-Président de l'Irak, risque aujourd'hui l'exécution à l'issue de la peine de mort prononcée contre lui par le régime actuel pro-américain... En Syrie, les tentatives du changement du régime baasiste dirigé par la famille El Assad (alaouite) se sont multipliées ces dernières années à l'issue de l'invasion de l'Irak, en 2003... L'effervescence du fondamentalisme religieux et la balkanisation de l'Orient a pour objectif la destruction des structures étatiques actuelles en faveur de la création de mini-Etats confessionnels, parfois théocratiques. Cela constitue une vraie menace aussi bien pour les Chrétiens dont l'exode massive n'est plus à démontrer que pour les autres communautés en Orient. L'instrumentalisation de la religion et des facteurs différentiels et identitaires culturels à des fins politiques conduit à un cercle vicieux où la peur et la haine des uns et des autres contribue à l'accentuation de ce chaos. Il est donc imprudent d'avaliser cette situation et de renchérir la tension entre ces communautés, qui ne peut être surmontée par le retour aux structures nationales identitaires et la proscription du fondamentalisme.